Le podcast va crever ! (+ comment arranger ça)

Le podcast crève ?

Pourtant tous le monde s’accorde pour dire le contraire.

Il serait en plus grande forme que jamais !

Et c’est justement parce qu’il connaît une progression fulgurante qu’il a toutes les chances de mourir.

Enfin.. le podcast existera toujours

Mais le podcast comme je le conçois, c’est à dire créatif, indépendant, libre d’expression… lui… n’existera plus…

La faute à qui ?

Aux plateformes.

Je vais t’expliquer comment le podcast se fait plateformiser et pourquoi ça va le tuer.

Mais pour ça, il faut déjà revenir au basique est expliquer ce qu’est une plateforme.

Une plateforme, c’est un homme du milieu

Aujourd’hui, on entend tous le temps parler de plateforme.

J’ai même entendu parler de « plateformisation du monde »

Mais c’est quoi au juste une plateforme ?

Oui, je sais, tu connais Uber, Facebook, Tinder…

Mais quel est le point commun entre toutes les plateformes ?

Les plateformes sont des hommes du milieu (aussi appelé intermédiaire, mais c’est plus poétique homme du milieu).

Imagine que tu as une personne de Lyon qui veut se rendre à Paris, et une personne qui est à Lyon et qui va à Paris dans une voiture qui à de la place, et qui est prêt à prendre quelqu’un dans sa voiture.

Comment ces personnes vont se trouver ?

Sans homme du milieu, elles ne peuvent pas se trouver, ou alors très difficilement.

Pour se trouver, elles devraient marcher dans la ville et pour l’un demander si quelqu’un va à Paris et peut le prendre, et pour l’autre demander si quelqu’un est intéressé pour aller à Paris parce qu’il a de la place dans sa voiture.

Les deux pourrait se croiser, mais dans une grande ville comme Lyon, il y a peu de chance que ça soit le cas.

C’est là qu’arrive l’homme du milieu.

Le but de l’homme du milieu est de connecter ces deux personnes.

La personne qui veut aller à Paris le dit à l’homme du milieu et l’homme du milieu lui répond « ça tombe bien, untel m’a dit qu’il allait à Paris et qu’il avait de la place dans sa voiture, voici ces cordonnées »

L’homme du milieu permet de connecter deux entités (ça peut être deux personne, un groupe de personne, des entreprises…) et concilié leurs intérêts respectifs, comme communiquer, vendre et acheter…

Mais tu te rends peut-être compte à quel point l’homme du milieu à du pouvoir grâce à sa position.

Pour en revenir à mon exemple, quand la personne lui dit qu’elle veut aller à Paris, l’homme du milieu peut lui répondre « Je connais quelqu’un qui va à Paris et qui pourrait te prendre, mais je te donne ses coordonnées uniquement si tu t’inscris sur mon site et que tu me payes cher »

Parfois l’homme du milieu fini par être avide, et utilise l’avantage qu’il a (celui d’être au milieu et parfois d’être un quasi-monopole) pour servir plus ses intérêts que celui des personnes qu’il devrait servir, par exemple en collectant et en exploitant les données, en imposant des conditions de travail inhumaine, ou des commissions abusive etc…

Voilà, c’est ça une plateforme 🙂

En soi quelque chose d’utile quand un intermédiaire est indispensable pour concilier des intérêts.

Mais suivant comment elle est construite, qui peut se retourner (grâce à sa position privilégiée) contre les personnes qu’elle doit aider.

Comment les podcasts se font plateformiser ?

Jusque-là le podcast était un truc d’indépendant, quelque chose que l’on faisait pour le loisir, où peu de personnes gagner leur vie avec.

Les solutions techniques du podcast (comme les lecteurs, ou les hébergeurs) étaient développé par des petites entreprises ou des développeurs indépendant, loin de vouloir devenir des mastodontes.

À l’exception d’Apple qui a été pionnier du Podcast, et sur qui « l’infrastructure » du podcast s’appuie encore beaucoup (mais même Apple jusqu’il y a pas si longtemps, laissait vivre le podcast, mais ne s’en occupait pas trop)

Et puis le podcast a commencé à être de plus en plus écouté, d’abord aux États-Unis et maintenant en France.

À tel point que des maisons de production sont aujourd’hui spécialisés dans le podcast (Binge Audio, Louie Media, Gimlet…) et certains gros médias se sont investi dedans (New York Times, Slate, Radio France..)

Le marché étant présent, ça a attiré des entreprises (Ausha, Simplecast, Acast…) qui proposent divers solutions pour héberger, diffuser et monétiser son podcast.

Et ça a aussi attiré des plateformes venues de la musique (Spotify, Deezer…) et des plateformes émergente spécialisé dans le podcast (Anchor, Luminary…)

Bref, le podcast est en plein changement ! … vers la plateformisation.

ÉTAPE 1 : Conquérir les podcasteurs

Avec leur puissance et la manière dont fonctionnent leurs plateformes (avec des algorithmes), Spotify ou Deezer peuvent proposer des choses que peu ou personne d’autres ne peut proposer aux podcasteurs.

Grâce à leur puissance financière, ils peuvent proposer le financement de la production d’un podcast, faire des chèques pour acheter l’exclusivité d’un podcast ou carrément racheter un studio de podcast.

Spotify a racheté (estimation de plus de 100 millions de $) l’exclusivité de « Joe Roegan Experience » un des podcasts les plus écoutés des État-Unis et a aussi racheté (estimation à 230 millions de $) Gimlet, un des studios de podcast les plus populaires.

Il faut que les podcasteurs puissent partager simplement leurs contenus sur ces plateformes. (et pourquoi pas à l’avenir enregistrer et monté)

Du coup… Deezer signe des partenariats avec 5 hébergeurs de podcasts (Libsyn, Ausha, Podomatic, Blubrry et Simplecast) et a fait évoluer deux de ses partenariats existant (Audioboom et Voxnest) pour que les podcasteurs puissent diffuser en 1 clic leurs podcasts sur la plateforme.

Spotify de son côté a racheté en 2019 la startup Anchor qui comme le site web l’indique « est une plateforme tout-en-un où vous pouvez créer, distribuer et monétiser votre podcast depuis n’importe quel appareil, gratuitement. »

Les podcasteurs ont généralement envie de connaître les statistiques détaillés des écoutes de leurs podcasts, ce qui est difficile à faire hors plateforme…

Du coup… Deezer et Spotify proposent des statistiques détaillés sur l’écoute des podcasts

Sur la page de présentation de Analytics by Deezer, tu peux par exemple lire :

  • Découvrez comment se définit le profil de vos auditeurs pour pouvoir cibler la bonne audience
  • Obtenez des éléments pour comprendre la performance et l’évolution de votre podcast sur 24 heures, une semaine et un mois
  • Faites la promotion de votre podcast et partagez les données liées à sa performance
  • Visualisez un aperçu global de la performance de vos podcasts & épisodes avec des données allant jusqu’à 5 ans d’historique
  • Définissez les tendances d’utilisation et les heures de grande écoute

Fruit de toutes ces données, Deezer et Spotiy (qui marche de la même manière) peuvent recommander des podcasts aux auditeurs, et donc apporter un public aux podcasteurs.

Tout est fait pour que les podcasteurs diffusent leurs créations sur ces plateformes.

Pourquoi autant d’investissement pour du podcast ?

Probablement entre autres le fait que ces plateformes n’ont pas besoin de reverser d’argent aux majors à chaque écoute, contrairement aux musiques, ce qui a terme pourrait devenir rentable s’ils arrivent à attirer suffisamment d’auditeurs. (en plus la production d’un podcast n’est pas si coûteuse que ça)

ÉTAPE 2 : Conquérir les auditeurs… ou ne pas leur laisser le choix

Une des difficultés actuelle pour un auditeur de podcast est justement de découvrir des podcasts à écouter.

Pour répondre à ça Spotify a lancé « Your Daily Podcasts » une playlist qui te recommande des podcasts en fonction des musiques et des émissions que tu écoutes, Deezer propose aussi de la recommandation de podcast grâce à ses algorithmes.

Les plateformes vont aussi attirer ou fidéliser des auditeurs avec des podcasts originaux, de la même manière que Netflix attire et fidélise des clients avec des séries exclusives.

Chez Spotify des podcasts avec des personnalités publiques sont lancés, comme avec Michelle Obama, Mark Wahlberg ou Lele Pons.

Chez Deezer on propose plus de 60 podcasts libellé « Deezer Originals », dont certains avec des personnalités comme JoeyStarr, Julien Doré, Nora Hamzawi…

Si tu as déjà un compte sur Deezer ou Spotify, tu vas commencer à écouter des podcasts exclusifs, et puis tu vas finir par écouter tous tes podcasts sur une de ces plateformes.

Ou alors si tu n’as pas de compte tu vas vouloir écouter un podcast qui se trouve uniquement sur ces plateformes, t’inscrire, pour écouter le podcast que tu veux, et tu vas faire de cette plateforme ton lecteur favori pour tous tes autres podcasts, parce que c’est chiant d’écouter certains de tes podcasts à un endroit et d’autres de tes podcasts à un autre endroit, c’est plus simple d’avoir tout dans une même appli.

(Spotify et Deezer proposent leurs podcasts exclusifs + agrègent tout un tas de podcast qui sont en dehors de leur plateforme.)

Par exemple le podcast « Tracké » est disponible uniquement sur Deezer, tu ne peux pas écouteur ce podcast ailleurs que sur Deezer (le flux RSS n’est pas disponible), mais tu as aussi accès aux podcasts « indépendants », qui ne sont pas créés par Deezer comme « C’est ça l »Amérique » que tu peux écouter ailleurs (le flux RSS est disponible)

Le souci, comme tu l’as peut-être vu, c’est que ces plateformes attirent les gens chez eux avec des productions exclusives qu’ils ne peuvent pas écouter ailleurs que sur la plateforme, c’est un produit d’appel, qui permet à terme de faire de la plateforme le lecteur de podcast favoris de l’auditeur.

De base, le podcast est construit de manière ouvert.

Le podcasteur héberge son podcast et génère un flux RSS.

L’auditeur utilise le lecteur de podcast de son choix pour écouter et suivre les podcasts via des flux RSS.

C’est le fonctionnement des applications comme Podcast Addict, Pocket Cast ou AntennaPod.

Pas besoin de s’inscrire pour utiliser ces applications.

Tu peux facilement importer/exporter tes abonnements d’une application à l’autre.

etc…

Avec Spotify ou Deezer tu es enfermé.

Tu ne peux pas exporter ou importer tes abonnements.

Tu ne peux pas écouter leurs podcasts originaux en dehors de leur plateforme respective.

ÉTAPE 3 : YOU HAVE BEEN PLATEFORMISÉ

Forcément Spotify et Deezer sont bien placés pour devenir des mastodontes du podcast grâce au nombre d’utilisateurs qu’ils ont, et à leur puissance financière.

Mais ce n’est pas impossible que d’autres startups s’impose, par exemple Luminary, qui a le même concept de créer des productions exclusives et d’agréger les podcasts indépendants. (en France, Majelan a essayé, puis a abandonné)

Petit à petit c’est la disparition du podcast indépendant qui passe via des flux RSS et le resserrement du podcast sur des plateformes fermé.

On peut imaginer qu’une ou plusieurs plateformes devienne le YouTube du podcast.

Les podcasteurs, eux, n’auront d’autres choix pour trouver une audience que de passer par Spotify ou Deezer. (ou Luminary ou je sais pas qui, mais on va partir du principe que c’est Spotify et/ou Deezer qui vont remporter ce marché)

Ils vont commencer à créer des podcasts qui seront optimisés pour les algorithmes, de manière à être le plus recommandé possible et à avoir le plus d’auditeurs possible. Comme c’est le cas avec les vidéastes qui optimisent leurs vidéos pour être le mieux référencer par YouTube.

Ce qui a forcément un impact sur la manière dont les podcasts sont créés. Reste à savoir si les algorithmes et les règles créer par des multinationales auront une bonne influence dessus.

Comme les podcasteurs postent sur ces plateformes, ils sont obligés de respecter les règles de ces plateformes.

D’ailleurs, sur la page qui te permet d’ajouter ton podcast au catalogue de Deezer il est marqué « Veuillez vous assurer au préalable que le contenu de votre podcast est conforme à nos guidelines. »

Une autre page indique entre autre « Deezer accorde beaucoup d’importance aux droits d’auteurs et prend le sujet très au sérieux. Vous devrez avoir obtenu l’intégralité des droits appropriés, notamment musicaux, pour tout votre contenu. » ce qui fait immédiatement penser à YouTube, où les vidéastes ne peuvent même pas mettre l’extrait d’une musique ou d’une vidéo protégé par les droits d’auteurs sans se faire démonétiser ou retirer leurs vidéo.

Dans ce cas-là est-ce que les podcasts comme « 2 Heures De Perdues » qui font des critiques de films (et passe des extraits) pourrait se faire retirer des épisodes si un ayant droit en faisait la demande ?

Vu l’avidité (et la stupidité) des ayants droits, et les situations auxquels on arrive aujourd’hui avec ce genre de système ça ne m’étonnerait pas (En avril 2020 une vidéo d’un discours de Macron diffusé sur sa chaîne officielle avait été bloqué sur YouTube pour atteinte aux droits de Canal +, une erreur, mais qui arrive souvent)

Si on continue le parallèle avec YouTube, des tas de vidéos sont exclus de l’algorithme de recommandation, mise hors-ligne ou démonétisé parce que contraire aux règles de YouTube (qui sont aussi celles de ce que les annonceurs trouvent acceptable ou pas)

En 2017, le YouTubeur Norman avait vu appliqué une limite d’âge à sa vidéo « LES INVENTIONS IMAGINAIRES 2 » à cause « d’une scène ou en entend un gémissement féminin pendant un acte sexuel, pendant à peu près 3s »

Dans sa vidéo « LES INVENTIONS IMAGINAIRES 2 (version censurée) » il revenait en expliquant la situation « J’ai quand même fait une réclamation auprès de YouTube, parce que je trouvais qu’ils exagéraient un tout petit peu » et continué avec humour « Et ils m’ont répondu quoi, déjà ? ils m’ont répondu… On s’en bas les couilles ! Voilà » pour reprendre sérieusement « Je trouve que le règlement de YouTube est quand même de plus en plus strict et c’est assez dommage pour la liberté d’expression »

Et on parle de Norman un YouTubeur quand même très family-friendly.

Si tu suis des YouTubeurs c’est quasiment sûr que tu en as déjà entendu parler des problèmes des algorithmes et de ce qu’ils avaient le droit de dire ou pas (s’ils veulent être monétisés ou garder leur vidéo en ligne)

Une autre anecdote : Le YouTubeur CGP Grey (plus de 4 milions d’abonnés) raconte dans une vidéo comment YouTube lui a suspendu son compte sans prévenir.

La seule aide possible était un document en ligne, le même pour tous le monde, qui lui indiquait « YouTube se réserve le droit de supprimer votre compte à tout moment, pour n’importe quelle raison » assortie d’une petite enquête de satisfaction « Est-ce que cela a été utile ? » avec pour seule réponse possible un bouton « Oui » ou un bouton « Non ».

Finalement après enquête un peu plus approfondie CGP Grey a découvert que son compte avait été supprimé pour vole d’identité… de sa propre identité…

Un petit bug qui a fait prendre conscience la dépendance que les vidéastes ont à YouTube.

CGP Grey – YouTube vs Grey: A Ballad of Accidental Suspension

Ces exemples montrent à quel point les plateformes dirigées par des multinationales (et/ou startup) sont mauvaise pour la création.

Est-ce qu’on a envie de ça pour les podcasts ?

Moi, j’ai pas envie en tous cas.

Un des plus gros podcasteurs exclusif à Spotify, Joe Budden, à d’ailleurs retiré son podcast de la plateforme, d’après lui « Spotify ne s’est jamais soucié de ce podcast individuellement, » « Spotify ne s’intéressait qu’à notre contribution à la plateforme. » « Tout le monde ne cherche pas à nourrir le sol, certains cherchent juste à prendre les fruits, »

Également je n’ai pas envie de passer par une plateforme qui va analyser mes habitudes d’écoutes.

(comme le montre Analytics by Deezer qui permet de connaître les « tendances d’écoutes », et « définit le profil de vos auditeurs »)

Spotify commence déjà à inclure des publicités ciblées sur ses podcasts exclusifs (même si tu es Premium) et a lancé sa régie publicitaire « Spotify Podcast Ads » qui permet donc aux annonceurs de cibler les auditeurs qu’ils souhaitent (Spotify futur Facebook ?)

On parle de « publicités dans ses émissions en temps réel, sur la base de ce qu’elle sait de ses utilisateurs, comme l’endroit où ils se trouvent, le type d’appareil qu’ils utilisent et leur âge »

Voir aussi la page totalement creepy de Spotify for Brands qui affiche ouvertement « les informations recueillies reflètent les vraies personnes derrière chaque appareil. Ces informations personnelles recueillies en temps réel dépassent les simples données démographiques et devices ID pour révéler les humeurs, les mentalités, les goûts et les comportements de notre audience. »

Petite comparaison entre Facebook, Google et Spotify

C’est problématique, parce que comme le soulignait un journaliste de Clubic « Car si les podcasts que nous écoutons ne peuvent être considérés comme des composantes fortes de la vie privée de chacun, leur thématique peut être très révélatrice de certains intérêts, tendances, inquiétudes. »

(et j’ai listé d’autres problèmes relatif aux plateformes de streaming musicale dans cet article)

Bref, il ne faut pas espérer grand-chose de plus de startups qui n’ont d’autres choix que d’atteindre une énorme rentabilité ou mourir.

Les YouTubeurs se plaignent de YouTube, les livreurs de repas à domicile de Deliveroo, les artistes de Spotify.

(Évidemment, tous les Youtubeurs, tous les livreurs de repas à domicile, tous les artistes ne se plaignent pas, mais je t’invite à écouter les critiques de ceux qui se plaignent pour voir si tu les trouves fondés ou pas)

On voit ce que ce type de plateforme créer par des startups ou des multinationales donne à terme, alors pourquoi faire la même erreur avec le podcast ?

Comme indice de l’avancement de la plateformisation des podcasts, Spotify avait déjà dépassé Apple (le pionnier historique du podcast), comme premier support d’écoute de podcasts au premier trimestre en Amérique du Nord et au Royaume-Uni.

Comment sauver le podcast… et le reste

Déjà prendre conscience vers quoi le podcast se dirige et lutter contre ça et un très bon début.

Le manifeste « Podcast ouvert » qui avait été créer par impulsion suite à l’arrivée en 2019 de Majelan une startup française qui voulait plateformiser le podcast (et qui a depuis abandonné) allé dans le bon sens.

En gros le manifeste promeut l’utilisation ouverte des flux RSS pour faciliter la recherche et l’abonnement au podcast, mais dénonce l’accaparement du catalogue ouvert des podcasts pour construire une plateforme fermée.

À l’époque 150 podcasteurs avait signé le manifeste.

C’est déjà un bon point de départ d’avoir construit ça, mais on peut regretter que ça n’ait pas été suivi d’un mouvement/implication plus intense.

Je ne suis pas podcasteur, et j’écoute de temps en temps des podcasts, il faudrait plus que mon avis pour savoir de quoi à besoin ce monde-là…

Peut-être qu’il faut continuer d’améliorer les applications d’agrégations (AntennaPod, Podcast Addict…), développer des options de monétisation comme le financement participatif etc… et se passer de plateforme.

Ou peut-être qu’il y a effectivement besoin d’un intermédiaire, d’une plateforme.

Je ne sais pas.

Mais je peux donner des pistes qui peuvent s’appliquer pour construire une plateforme saine ou pour améliorer le système sans plateforme.

Les voilà :

La licence libre

La licence libre permet d’étudier, de copier, de redistribuer et de partager, le code d’un logiciel, d’une application etc…

Avoir des plateformes ou outils sous licences libres, c’est nécessaire pour plusieurs raisons :

  • Pour ne pas de retrouver face à une boite noire au fonctionnement obscur (les personnes les plus techniques peuvent analyser le code et le décrire aux personnes moins techniques).
  • Si les créateurs (ou auditeurs) trouvent que la plateforme ou l’outil ne leur convient plus, ils peuvent en faire une copie et modifier ce qu’ils veulent (ce qu’on appelle un fork)

Par exemple, si YouTube était libre, un groupe de créateurs pourraient très bien décider de faire une copie de YouTube en enlevant une fonctionnalité qui ne leur convient pas.

Le statut juridique

Et si on créait des organisations qui n’avaient pas d’autres choix que de servir les podcasteurs et les auditeurs ?

Récemment j’ai parlé de Bookshop une plateforme qui est là pour casser le monopole de Amazon sur le livre. Bookshop est une B-corp c’est à dire une forme de société qui répond à des exigences sociétale et environnementale, de gouvernance et de transparence envers le public.

Face à Deliveroo, il existe Coopcycle une plateforme sous forme juridique d’association qui agrège des coopératives pour rendre la livraison de repas à vélo plus éthique, pour les livreurs, les restaurateurs et au final les consommateurs.

Bref, créer des plateformes ou des outils qui ont des formes juridiques qui ne leur laissent pas le choix de bien traité les personnes dont elles concilient les intérêts.

Recommandation humaines

Pour régler le problème des auditeurs qui ont du mal à trouver des podcasts, les plateforme ou outils pourraient proposer des recommandations de podcast d’être humain, ça évitera la nébuleuse des algorithmes. (et de la collecte de données peu respectueuse)

Après il reste à voir qui et comment sélectionne ces podcasts.

Peut-être que c’est possible de s’appuyer sur le travail d’annuaire comme Podmust ou de newsletter de recommandation de podcast comme The Listener.

D’autres plateformes ont aussi décidé de ne marcher qu’avec des recommandations humaines, par exemple la plateforme Bookshop recommande uniquement des livres sélectionnés par des êtres humains, en France les libraires peuvent poster des conseils de lecture sur la plateforme de vente de livre leslibraires.fr (dont j’ai parlé dans cet article)

Dans son article « Can RSS become social?«  Badri Sunderarajan, explique comment une application de podcast pourrait se servir des Flux RSS pour permettre de faire des recommandations.

« Vous suivez un podcast pour écouter les derniers épisodes ; vous suivez une liste de favoris pour savoir ce que vos amis écoutent. »« Il peut s’agir d’un moyen décentralisé de partager des flux, où chacun peut envoyer ses préférences sous forme de fichier RSS, comme il l’a toujours fait. »

Les protocoles

Actuellement même le podcast « indépendant » sont finalement dépendants de Apple pour être référencé.

Peut-être qu’on pourrait imaginer des catalogues décentralisé, mais interconnecté entre eux (à la manière du Fediverse, dont j’ai parlé dans cet article) que les applications de podcast comme AntennaPod peuvent utiliser ?

Aujourd’hui il existe des nouveaux protocoles (ActivityPub, Scuttlebut, Dat…) qui vont dans le sens de la décentralisation et de la distribution, ce qui est une bonne chose pour éviter de donner à une seule entité un pouvoir trop grand. (et pourquoi pas se passer d’homme du milieu quand c’est nécessaire)

Le RSS est un très bon protocole, trop sous-estimé à mon goût, il faut peut-être continuer de creuser dans cette direction.

L’expérimentation

Comme souvent, il faut expérimenter pour trouver.

itch.io une plateforme qui permet de vendre ses créations digitales (souvent des jeux vidéo), propose aux vendeurs de choisir la commission qu’ils veulent donner à la plateforme. C’est une plateforme qui se rémunère avec un prix libre. (j’en ai parlé ici)

Je ne sais pas comment connecter ça avec le monde du podcast, mais c’est juste pour montrer qu’il y a des expérimentations à faire sur la manière dont fonctionne une plateforme éthique.

Voilà mes pistes pour sauver le podcast… et le reste parce que le phénomène de plateforme s’étend à tout un tas de domaine, donc ces pistes peuvent être pour ces domaines aussi 😉

Aux personnes du milieu podcastique : ne vous laissez pas faire, les solutions sont là, il suffit de commencer à construire dans ce sens-là.

Si vous ne faites pas ce travaille pour avoir votre indépendance aujourd’hui, ça sera très compliqué de le faire après.

Ne pas oublier que la liberté s’use quand on ne l’utilise pas.

Extrêmement peu de vidéastes imaginent s’émanciper de YouTube aujourd’hui, d’ailleurs on ne parle plus de vidéaste, mais de YouTubeur. Stade terminal de la plateformisation malsaine.

La route est longue (peut-être pas tant que ça), mais la voie est libre.

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12 réflexions au sujet de “Le podcast va crever ! (+ comment arranger ça)”

  1. Bravo pour cet article. Faisant du podcast en amateur depuis peu, je me retrouve complètement dans le point de vue que tu exprimes. Pour ma part, c’est du WordPress (via hébergement mutualisé, hors solution de l’éditeur du CMS), ce qui permet de produire par défaut des flux RSS. Moins de visibilité sans doute, mais chercher l’audimat maximum sans avoir un minimum la main sur le technique, n’est-ce pas le point de départ de la plateformisation ?
    Après, tout le monde ne peut pas avoir les compétences nécessaires mais, pour les créateurs de contenu, rien n’empêche de se rassembler entre gens ayant les mêmes valeurs. Des vulgarisateurs scientifiques l’ont fait sur Youtube en créant une chaîne commune, ce qui divise les problèmes. Ils ne sont pas allés jusqu’à passer à PeerTube. J’imagine parce qu’il y manque le nerf de la guerre : le cycle économique durable.
    Je suppose que la prochaine étape pour qu’il y ait un vrai mouvement de déplacement des contenus et des flux monétaires vers des solutions alternatives est soit accepter de rester amateur (ce qui est un luxe pour beaucoup, en fait), soit trouver des partenariats avec des acteurs du type ESS, fondation ou autre pour rester dans l’alternatif.

    Répondre
  2. Très bon article ! Un des problèmes actuellement c’est aussi la multiplicité des offres quand on lance un podcast. Quand j’ai créé mon podcast, j’avais une vingtaine de sites web qui me proposaient d’héberger mon contenu. La plupart gratuitement, avec du coup plein de trucs cachés qu’ils te disent plus ou moins. Il y a aussi tellement de plateformes, chacun a ses habitudes, donc quand tu lances un podcast, les gens veulent qu’il soit disponible sur Apple Podcast, Spotify, Google Podcast, Pocket Cast etc etc.

    On peut aussi choisir de créer son propre flux RSS mais ça demande un peu plus de travail.

    Bref, je suis tout à fait d’accord avec tout ce qui est dit dans cet article, après ça serait cool du coup d’avoir des outils simple et facile d’accès pour pouvoir contrer tout ça sans avoir besoin de coder son propre flux RSS ou héberger ses mp3 sur son site.

    Ça existe peut-être déjà mais je me souviens avoir été un peu perdu au lancement de mon podcast dans cette foison d’offres.

    Répondre
    • J’ai prévu de faire un deuxième articles un peu plus orienté solutions.

      Je n’ai pas encore vraiment creusé le sujet, mais je crois avoir vu quelques trucs qui simplifie les choses 🙂

      Répondre
  3. Hello ! Super lecture, sur un thème ô combien important!

    Je me permets de mentionner le très bon travail d’un développeur grenoblois qui planche depuis un an exactement sur une solution à la plateformisation des podcasts.

    https://flus.io/i/

    Peut-être un ajout intéressant en P.S. pour ton billet 🙂

    Répondre
  4. Bonjour Orel,

    J’ai bien apprécié votre article, mais quelques typo persistent :

    s’ils veulent être monétisés ou gardé leur vidéo en ligne : garder, non?
    C’est problématique, parce que comme le souligné : soulignait ?
    mais je t’invite à écouter les critiques de ce qui se plaignent : de ceux qui se … ?
    il faut peut-être continuer de creuse dans cette direction. : creuser ?
    Si vous ne faites pas se travaille pour avoir votre indépendance : ce travail

    Ne prenez pas ceci comme une critique, mais comme une proposition d’amélioration, je ne prétends pas avoir trouvé toutes les fautes d’orthographe ou erreurs de conjugaison.

    Répondre
    • Salut 🙂

      Je suis pas super porté sur l’orthographe comme je l’ai dit un précédent commentaire, mais bon, comme tu as listé les fautes, je les aies corrigées 😉

      Merci à toi !

      Répondre
  5. Super article, merci !

    Actuellement même le podcast « indépendant » sont finalement dépendants de Apple pour être référencé.

    Ben non, moi j’écoute plein de podcast, et je n’ai aucun produit Apple !

    on pourrait parler aussi de Podcloud, qui est aussi une plateforme, mais plus sympa que les autres.

    ps : moi ça me dérange pas trop, mais les fautes d’orthographe diminuent la crédibilité de l’article…

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    • Oui ils peuvent très bien se passer de Apple, et partager uniquement leur lien sur Podcloud.

      Mais généralement, ce qu’on fait pour ajouter un podcast, c’est ouvrir son lecteur (sur Android ou Apple peu importe) et taper le nom du podcast dans la barre de recherche, puis on ajoute le podcast.

      Ce qui c’est passé en arrière plan, c’est que le lecteur est allé fouillé dans iTunes le lien RSS du podcast auquel tu veux t’abonner, grâce au nom du que tu as donner.

      iTunes a vraiment ce rôle d’annuaire très centralisé des podcast.

      Pour les fautes d’orthographe, je corrige ce que je vois, mais je n’arriverais jamais à avoir une écriture avec peu de fautes ou sans fautes, je suis construit comme ça.
      Et puis je pense que c’est plutôt aux gens qui sont dérangés par les fautes d’orthographe de changer que moi.

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